Un blog pour promouvoir un monitorage des territoires.

En ce début d’année 2020, nous avons fait collectivement l’expérience d’un accident d’ampleur planétaire. En quelques semaines, le COVID-19 a désorganisé ce qui paraissait bien ordonné, mis à mal les plus fragiles et aussi ouvert des chemins de résilience dans les territoires. Les acteurs, les opérateurs et les entreprises ont dû agir « en catastrophe », accepter des replis d’activités, faire des concessions. Ils ont également pu éprouver ce qui fonctionnait, apprécier les capacités de récupération, inaugurer de nouvelles pratiques.

La crise s’atténuera lorsque nous aurons assumé notre relation aux changements globaux, dont le coronavirus est une manifestation majeure. Par « changements globaux », nous entendons ici les bouleversements d’échelle planétaire en cours, observables et mesurables à cette échelle, dont les manifestations et les effets concrets sont perceptibles aux échelles locales et dans notre vie quotidienne. Les risques globaux sont les risques associés à ces changements.

Reconfiguration des pratiques de gestion urbaine, réactivation des potentialités des territoires, nouvelle relation aux risques à l’aune des changements globaux. Tout ceci peut se faire en revenant aux fondamentaux, en ré-agençant l’ensemble des savoir-faire déployés par les élus, les techniciens et les professionnels.

Comment accompagner ce mouvement de transformation en le laissant s’exprimer ? Une ingénierie de balisage des chemins de résilience peut y contribuer proposant des repères, identifiant des dangers, ouvrant des horizons et le champ des directions possibles.

L’ingénieur doit augmenter la façon d’exercer son métier pour devenir « le géomètre de l’espace habité ». L’approche d’ingénierie que nous préconisons est par conséquent celle d’un monitorage des territoires, c’est-à-dire tout à la fois d’un apprentissage des changements globaux en cours, d’une vigilance vis-à-vis des perturbations à venir et d’une exploration des futurs possibles à échelle plus humaine. Reliant les acteurs de la résilience des territoires et des villes, en éclairage à leurs interventions, ce monitorage invite par conséquent à :

1- Établir et partager des enseignements sur les changements en cours. Engranger les observations et interroger les faits, y compris dans le temps masqué des crises et de leurs possibles rebondissements. Apprendre en identifiant les fragilités et les ressources, les déprises et les dynamiques.

2- Activer d’une nouvelle façon la vigilance aux périls de différents ordres qui peuvent survenir dans le futur. Il s’agit de repenser l’ingénierie des risques dans une approche encore plus ensemblière que celle qui était déjà prônée.

3Explorer les voies d’un devenir. Dans un esprit de découverte, il s’agit d’identifier les jalons utiles pour intégrer la complexité dans les stratégies d’urbanisation, promouvoir des dispositifs plus maniables et proposer une nouvelle génération de projets bien davantage attentifs à l’échelle humaine.