Par-delà la météo estivale : comment activer la résilience au changement climatique ?

Jamais l’humanité n’a réuni autant de puissance à tant de désarroi, tant de soucis et tant de jouets, tant de connaissances et tant d’incertitudes. L’inquiétude et la futilité se partagent nos jours.
Paul Valéry, 1932

Dans un contexte marqué par le changement climatique, la météo est devenue, en France du moins, l’information que l’on suit avec une certaine anxiété chaque été.

En effet, chaque année toujours plus, les vigilances « canicules », « tempêtes » – ou « feux de forêts » maintenant – nous alertent sur des risques climatiques. Elles relèguent alors au second plan la « météo des plages » qui donne pourtant, chaque jour, les conditions de confort thermique de l’air et de l’eau sur chaque once du littoral où l’on peut poser sa serviette. Mais alors, peut-on toujours la poser en toute quiétude et qu’en sera-t-il dans quelques années ?

Si les perturbations météorologiques ont toujours existé, sans être autant médiatisées, le changement climatique complexifie la situation, au moins par la place croissante prise par les vagues de chaleur et les canicules.

Jusqu’à un passé récent, l’été était propice à la vie insouciante en plein air. Vers le quinze août, les orages venaient, de façon rituelle et fort à propos, annoncer sa fin prochaine. Aujourd’hui, de brusques variations météorologiques peuvent bousculer ces références qui nous étaient familières.

Alors que les rapports se succèdent pour susciter la résilience au changement climatique, à quel moment et de quelle façon celle-ci peut-elle intervenir, pour rendre de nouveau désirable cette période de l’année ? La question vient après un été 2023 particulièrement marqué, dans certaines régions de France, par des vigilances météorologiques à répétition.

 

Lac de Barberan (Ain), juillet 2023

L’été cristallise les inquiétudes, en 2023 encore

Si le changement climatique fait sentir ses effets sur l’ensemble de l’année, la saison estivale cristallise les inquiétudes sur le temps qu’il va faire.

L‘été 2023 n’échappe pas à la règle. L’épisode caniculaire qui a touché une grande partie du territoire national fin août fut le point d’orgue d’une actualité météorologique tendue. En juillet, l’ouest de la France a connu une succession de perturbations apportant une pluviométrie excédentaire (1) tandis que le sud connaissait à l’inverse des vagues de chaleur et un déficit de précipitations.

Pour l’heure, les événements estivaux dommageables de grande ampleur ont cependant épargné la France. Ce ne fut pas le cas des pays du sud de l’Europe. Ainsi, la Grèce a connu des incendies hors normes, l’Italie des températures extrêmes, l’Espagne des canicules à répétition et des incendies de forêt aux îles Canaries, tandis que des inondations générées par des pluies diluviennes ont affecté les deux tiers de la Slovénie.

Si l’été est particulièrement sensible aux aléas climatiques, c’est aussi parce qu’il correspond à la période des migrations touristiques. Des milliers de personnes investissent alors des lieux de villégiature, sans connaître les risques encourus localement et sans réels moyens de s’en protéger par eux-mêmes.

Ces personnes, pour un temps très vulnérables, sont dépendantes de la protection des pouvoirs publics. Lorsqu’un phénomène dangereux majeur est annoncé, leur évacuation est souvent la seule option possible. Ainsi, suite à l’incendie qui a ravagé l’île de Rhodes entre le 18 et le 28 juillet 2023, 20 000 touristes ont été évacués en urgence sous le feu des médias [a].

Reste que les évacuations ne sont pas le seul lot des touristes.

Aux États-Unis, le tragique incendie qui a sévi dans l’archipel américain d’Hawaï le 9 août 2023 a fait plus de 100 morts et, pour l’heure, des centaines de disparus. Le feu a détruit de façon fulgurante l’ancienne capitale de Lahaina sans que la population ait pu être évacuée à temps. Au Canada, quelques jours plus tard, une superficie supérieure à la Grèce est partie en flammes dans le Grand Nord, obligeant à l’évacuation en urgence des 20 000 habitants de la ville de Yellowknife. A Athènes, fin août, 20 000 personnes ont dû être évacuées des quartiers nord gagnés par les flammes.

Or, si la pratique touristique a vocation à être reconsidérée sur des bases bien plus durables, l’exposition au danger des populations locales pose une question bien plus fondamentale. En effet, habiter c’est vivre dans un lieu offrant des conditions de vie sûres, c’est-à-dire qui préservent des dommages et des menaces [b].

Alors que des savoir faire vernaculaires ont cédé le plus souvent la place à des mesures de protection collective, sous les coups de boutoir des aléas climatiques, ces mesures peuvent s’avérer inefficaces. Se pose alors la question de la résilience des populations.

La vigilance météorologique

En recourant à une échelle de gravité, la vigilance météo (2) signale un danger imminent pour la sécurité des personnes, des biens et des activités. Rouge, la vigilance invite tout un chacun à la plus extrême prudence et les autorités à interdire certaines activités sensibles pour la santé comme à se préparer à intervenir pour la sauvegarde des populations.

En octobre 2020, le département des Alpes-Maritimes avait été placé en vigilance rouge « Pluie-inondation » avant que les vallées de La Roya et de la Vésubie ne soient dévastées par des crues rapides et des laves torrentielles générées par des pluies diluviennes.

Le 25 juillet dernier, les Bouches-du-Rhône ont été placées en vigilance rouge « Feux de forêts », alerte réitérée début août. Premières mises en œuvre de cette « météo des forêts » que Météo-France a instauré en juin 2023 pour informer sur l’intensité du risque de feux de forêts et de végétation. A partir du 23 août 2023, jusque 19 départements hexagonaux ont été placés en vigilance rouge canicule.

Pour autant, la vigilance météo n’est pas un bon indicateur des effets du changement climatique. En effet, toutes les perturbations qu’elle signale ne sont pas automatiquement liées à celui-ci (les inondations ont toujours eu lieu). Par ailleurs, ses extensions successives au fil des années comme les possibles évolutions intervenues dans la façon de la gérer rendent difficiles des comparaisons d’une année sur l’autre.

Néanmoins, la vigilance météo joue son rôle de guetteur de possibles catastrophes, l’été et tout au long de l’année. En Hexagone et en Outre-Mer, de façon différente mais suivant les mêmes principes, elle alerte la population, les médias et les autorités sur les risques météorologiques encourus.

L’été 2022, référence des enjeux du changement climatique

Lors des graves incendies de l’été 2022 dans le sud-ouest de la France, des évacuations de touristes ont été nécessaires puisque cinq campings ont été détruits par les flammes. Mais les dommages ne se sont pas limités à la forêt et à la seule activité touristique. Se conjuguant, feux de forêts, sécheresse, vagues de chaleur ont en effet affecté, et ce dans différentes régions hexagonales, tout à la fois les forêts, les milieux naturels – et donc la biodiversité – les rendements agricoles, la production d’énergie hydro-électrique, l’alimentation en eau potable…

Dans son rapport annuel de juin 2023 [d], le Haut Conseil pour le climat (HCC) considère que l’été 2022 a valeur de référence dans la mesure de la gravité de la situation climatique. D’une part, les facteurs liés au changement climatique ont accentué les incendies et rendu plus âpre leur extinction, d’autre part les perturbations se sont fait sentir sur une grande partie du territoire national, au-delà des zones sinistrées par les feux.

Ainsi, l’approvisionnement en eau, la production alimentaire et l’alimentation en énergie ont été fragilisés. Or ce triptyque « eau-alimentation-énergie » est identifié comme un élément majeur du lien à faire entre adaptation au changement climatique et prévention des catastrophes [c].

Pour le Haut conseil, cette référence doit jouer un rôle de catalyseur des actions à engager ou à mener en urgence. Il s’agit « d’agir plus vite et plus fort » pour contrer du mieux possible le changement climatique et ses effets dévastateurs.

Or, si l’été 2022 alerte en matière d’urgence climatique, il n’a pas eu l’effet d’entraînement escompté en matière d’action en profondeur. Les dispositions prises – à bon escient – ont surtout porté sur la lutte contre les incendies. Pour autant, le changement climatique ne ralentit pas sa course. Ainsi, selon le climatologue Davide Faranda, la vague de chaleur survenue en juillet 2023 en Europe du Sud, correspond à un événement attendu plutôt vers 2050 [e].

Comment passer de l’adaptation réactive à l’adaptation transformatrice ?

Dans son rapport de juin 2023, le HCC a relevé la lenteur des politiques structurelles d’adaptation et d’atténuation comme de leur transcription dans la vie économique.

Ainsi « La consommation des véhicules thermiques croît du fait de l’augmentation du poids des voitures, et l’électrification des véhicules utilitaires légers et des poids lourds se déploie trop lentement » ou encore « La consommation d’énergie dans les bâtiments diminue trop lentement, et l’augmentation de la production des énergies renouvelables électriques est trois fois trop lente. » [d]. Ces constats traduisent des décalages préoccupants par rapport aux objectifs fixés par la Stratégie Nationale Bas Carbone.

Par conséquent, si l’on veut éviter une part des dommages météorologiques, un véritable changement de braquet serait à opérer pour donner à l’action climatique l’élan qui lui manque. Pour ce faire, il faudrait nous distancier de la dynamique météorologique pour affronter celle sous-jacente du changement climatique.

Mais comment faire pour nous détacher des contingences météorologiques et raisonner beaucoup plus à l’échelle du climat ? Comment « passer de l’adaptation réactive à l’adaptation transformatrice » ? [d]

Dans leur communication faite au grand public, les médias ont commencé à établir ce lien entre météo et climat. Ainsi, le 13 mars 2023, le journal « météo » de France 2 est devenu le journal  « Météo-climat ». Pour France-Télévisions, il s’agit « d’une véritable mise en con texte climatique de la météo, pour comprendre les causes, les conséquences et apporter des solutions à la crise climatique. Une initiative à la hauteur de l’urgence écologique ! » (3).

 

La transformation post-catastrophe

De quelque nature qu’elles soient, climatique ou non, les catastrophes peuvent jouer un rôle dans des transformations adaptatives. Lorsqu’il opère, ce processus de transformation est bien connu.

Tout d’abord, la transformation intervient à l’échelle locale de la catastrophe. Ce n’est pas récent. Ainsi, suite à l’incendie urbain qui détruisit le centre historique de Rennes du 23 au 29 décembre 1720, le cœur de la capitale régionale fut reconstruit suivant un plan d’embellissement. La ville classique y succéda alors à la ville moyenâgeuse [g]. En Martinique, à la suite de l’éruption dévastatrice du mont Pelée en mai 1902, la ville portuaire de Saint-Pierre perdit son rôle moteur dans la vie économique de l’île au bénéfice de la capitale administrative Fort-de-France [h].

Ensuite, la transformation opère au niveau national par l’adoption de nouvelles lois. Ce fut le cas à la suite de l’accident de l’usine Grand Paroisse à Toulouse le 21 septembre 2001. Adoptée il y a 20 ans exactement, la loi Bachelot du 30 juillet 2003 (4) instaura les plans de prévention des risques technologiques (PPRT). Cette servitude d’urbanisme conçoit de façon bien plus territoriale et systémique qu’auparavant la gestion du risque SEVESO seuil haut.

Le modèle de la « panarchie » [i] illustre ce processus cyclique du changement d‘échelle et des rétro-actions associées, favorables à la réduction de vulnérabilité.

Face aux catastrophes naturelles de grande ampleur, la reconstruction post-événement est de plus en plus perçue comme un enjeu à dimension humaine très forte.

Les difficultés rencontrées par les habitants des territoires sinistrés sont multiples. Elles sont d’ordre psychologique, administratif, technique et financier. Le CEPRI et l’AFPCNT ont ainsi engagé des travaux en 2023 pour définir un cadre de référence destiné à faciliter la reconstruction post-inondation. Il faut en effet reconstruire vite (résilience), et mieux pour réduire la vulnérabilité aux événements futurs. Les enjeux sont énormes.

Attendre la catastrophe pour transformer les pratiques n’est bien évidemment pas la solution. La catastrophe a un coût humain inacceptable, ce qui justifie que tout soit fait pour l’éviter.

L’urgence climatique est là avec ses propres signaux

L’urgence climatique est là mais elle mobilise moins que la vigilance météorologique, qui ne lui est pas toujours associée. Ses signaux propres sont pourtant multiples. Ainsi, les médias se sont largement fait écho de la température record de 28° atteinte par la mer Méditerranée le 26 juillet 2023. Ils ont également mentionné la température de surchauffe des océans jamais enregistrée de 20,96° le 4 août 2023 (5).

Le changement climatique est tout autant appréhendé à échelle humaine, de façon sensible. Ceux qui vivent au contact de la nature peuvent en témoigner. En Dordogne par exemple, « le chant du chardonneret manque », « le vin contient de plus en plus d’alcool », « l’eau et la terre s’appauvrissent »… [f].

Bien que corroborée par moult indicateurs ou observations, la menace climatique reste comme tapie derrière les manifestations météorologiques sans que l’on s’attache suffisamment à la débusquer. C’est pourtant au dérèglement climatique qu’il faudrait s’atteler pour développer des projets d’atténuation et d’adaptation tant à l’échelle nationale que dans les territoires, au plus proche des populations.

Les années passent et la question de la résilience au changement climatique se pose de façon toujours plus aiguë.

Les contingentements de l’adaptation

Pour identifier les déterminants de l’action, France Stratégie a enquêté auprès de trois territoires disposant d’une expérience reconnue en matière d’adaptation territoriale au changement climatique : le Grand Poitiers, Dunkerque et les vallées des Alpes-Maritimes affectées par la tempête Alex [j].

Publiée en 2023 également, cette enquête révèle, en creux, un retard pris en matière de pratique des diagnostics de vulnérabilités. Elle pointe également la faiblesse des critères de résilience, l’empilement des démarches de planification et des carences en matière de chiffrage du coût de l’inaction.

L’analyse met en évidence un besoin de montée en compétence et d’accompagnement des acteurs locaux. Ce besoin est avéré dès lorsqu’il s’agit de transformer une connaissance scientifique en action résiliente. En outre, il s’agit de le faire dans un contexte fortement contingenté par l’incertitude, la complexité et la dimension anxiogène du défi climatique (6).

La mise en actions nécessite encore la coordination des acteurs et le dépassement de la temporalité du mandat politique. Sur le premier point, un État transverse et accompagnateur ressort comme un modèle à déployer dans les territoires. Pour le second, un mode d’intégration aux mandats électifs des temporalités de moyen terme et de long terme resterait encore à inventer.

L’enquête évoque encore la demande d’un cadre de référence pour une trajectoire d’adaptation nationale. Les institutions doivent effectivement fixer un cap, jalonner la route à suivre, et encore instaurer des conditions favorables à la résilience collective au changement climatique.

Au vu de cette enquête, des besoins sont avérés d’un futur mieux organisé. Il ne faudrait cependant pas attendre son avènement pour agir. Dans un monde marqué par la complexité, le futur organisé est en effet une ligne d’horizon à se fixer mais il ne peut être un « atteignable » préalable à l’action.

Le récit : un moyen pour mobiliser la résilience

Lorsque l’on convoque la résilience, la dimension humaine est première. Cette dimension est le socle de la volonté d’agir. Or, comment susciter une volonté d’agir qui ne soit pas que de reconstruction post-catastrophe ? Comment inscrire dans l’action climatique le « modulor » de Le Corbusier, comme « la meilleure façon pour l’homme d’occuper l’espace, d’habiter un lieu » (7)  ?

En recherche non d’une « utopie sociale » mais d’une pratique pour l’action, France Stratégie conclut son rapport sur l’importance de générer des récits collectifs comme socle de la résilience territoriale. Un peu comme si le retour d’expérience des territoires enquêtés exprimait le besoin de générer un espace de pratique créatrice. Pratique créatrice qui soit un échappatoire face à l’écheveau des règles, des organisations et des jeux d’acteurs. Un labyrinthe anthropique où se dissimule le passage vers l’action.

Le récit est effectivement un espace de liberté créatrice : « il tourne la frontière en traversée et le fleuve en pont. Il raconte en effet des inversions et déplacements : la porte que l’on ferme est précisément ce qu’on ouvre ; le fleuve ce qui livre passage, l’arbre ce qui jalonne les pas d’une avancée : la palissade, un ensemble d’interstices où se coulent des regards». [k]

Si la résilience vers l’action climatique existe bel et bien, elle est un chemin à tracer qui prend des contre-pieds et déjoue les conventions pré-existantes. Le récit est une façon de tracer ce chemin. Acte créateur et dynamique, « Il ouvre un théâtre de légitimité à des actions effectives. Il crée un champ qui autorise des pratiques sociales risquées et contingentes » [k]. Le récit redonne du sens et du mouvement, constitue une nouvelle assise à l’action humaine [k].

Dans une réalité complexe, la connaissance ne peut être pleinement accomplie par des scientifiques et des experts. Elle doit être retravaillée collectivement et par tout un chacun. Elle devient alors le terreau dans lequel inscrire une action d’échelle humaine.

La mise en récit passe par conséquent par l’expression des habitants et leur implication dans la formation des projets. Le Centre Ressource du Développement Durable (8) la promeut en Haut-de-France pour les projets de transition. Le sujet requiert en effet de nouveaux narratifs pour engager des transformations profondes. [j]

Cette approche ajoute du sensible et de l’émotionnel à la connaissance scientifique. Elle met sur le devant de la scène la création artistique. Ce que fait également l’association française de prévention des catastrophes naturelles et technologiques (AFPCNT) (9) lorsqu’elle active la culture du risque sous la forme du concours annuel Art & Risques.

Les initiateurs et les auteurs du récit

Les acteurs appelés à participer à la création de récits d’action climatique peuvent être répartis dans différentes catégories. D’abord, ceux qui vont initier les récits au sein desquels les notions de vulnérabilité et de résilience prendront corps. Ils peuvent être de simples habitants, des personnes impliquées dans la vie associative, des élus locaux.

Les maires ont un rôle majeur à jouer comme courroie d’entraînement d’une dynamique d’action. Ils ou elles sont des « sages », reconnus comme tels par la population. Ils ou elles le sont d’autant plus que la commune est de petite taille, les rendant plus proches des habitants.

Ensuite, on trouvera les personnes qui vont alimenter le récit. Ce peut être, par exemple, sur l’adaptation des habitats, la relation à la nature ou encore sur la façon de développer des solidarités au sein des quartiers. Ces personnes connaissent le terrain, le pratiquent. Elles ont des idées, des exemples à montrer de ce qui se fait, de ce qui est possible. Elles vont de l’avant.

Le récit mobilise encore des personnes habiles à articuler les histoires entre elles. Celles-ci peuvent proposer de nouveaux chapitres faits d’expériences inédites ou de sujets à défricher. Elles peuvent encore trouver des ressources insoupçonnées.

Ainsi, des étudiants de l’école nationale supérieure d’architecture (ENSA) de Paris-La Villette mènent chaque année, sous l’égide de leurs enseignants, des travaux sur le littoral. Leurs riches explorations montrent qu’il est possible d’établir des récits novateurs dans les territoires les plus exposés aux aléas climatiques, voire aux changements globaux.

Bien que confidentiels, ces récits, ici liés au mode d’habiter et de construire, ouvrent des voies de résilience à investir. Autant de perspectives motivantes pour les populations concernées.

Le courage d’agir

Au vu de l’urgence climatique, il ne s’agit plus de déléguer l’action à des instances supérieures ou de la différer dans le temps. Il ne s’agit pas d’attendre pour devoir jouer toujours plus la carte de la résilience aux aléas météorologiques. Il faudrait participer à l’écriture de récits, dessiner des chemins à suivre. Le faire tout de suite et là où on est. Ceci revient à passer du statut de spectateur, voire d’acteur, à celui d’auteur.

Si l’on veut agir, plus vite et plus fort, pour contrer le changement climatique et ses effets prévisibles, il faut le faire avec courage « séance tenante et toute affaire cessante » [l]. Une invitation adressée à chacun et chacune qui n’est plus celle du « maître et possesseur de la nature (10) ». Elle devient celle de la puissance transformatrice attendue par le Haut conseil pour le climat.

Notes

(1) Dans le Cotentin, il est tombé, les 31 juillet et 1er août 2023, 74 mm de pluie en 48 heures sur la station météo de Grosville, à côté de Flamanville. C’est davantage que durant un mois dans cette période de l’année.

https://actu.fr/societe/cotentin-tempete-patricia-un-mois-de-pluie-est-tombe-en-48-heures_59931934.html

(2) Procédure nationale d’information, la vigilance météorologique a été créée en 2001. Couvrant à l’origine cinq familles de phénomènes distincts : vent violent, fortes précipitations (renommé Pluie-inondation), orages, neige-verglas et avalanche, elle en compte aujourd’hui huit. Ont été ajoutés : canicule-grand froid, vagues-submersion et tout récemment feux de forêts. Les Outre-Mer bénéficient d’un système de vigilance pour les vents violents, les fortes précipitations, les orages, la forte houle et les cyclones (source wikipedia).

(3) France-Télévision. Lancement du journal Météo-Climat, mars 2023

https://www.francetelevisions.fr/et-vous/notre-tele/a-ne-pas-manquer/lancement-du-journal-meteo-climat-16395

(4) Loi n° 2003-699 du 30 juillet 2003 relative à la prévention des risques technologiques et naturels et à la réparation des dommages

(5) Selon l’observatoire européen Copernicus

(6) L’enquête n’aborde pas explicitement la question du cadre administratif et réglementaire français. Institué au fil des décennies par des approches sectorielles, ce cadre peut se révéler un carcan lorsqu’il s’agit d’adapter en urgence les territoires au changement climatique. Des outillages juridiques nouveaux sont cependant expérimentés sur les littoraux exposés aux aléas côtiers.

(7) Focus sur… le « Modulor main levée » de Le Corbusier

https://www.centrepompidou.fr/fr/magazine/article/focus-sur-le-modulor-main-levee-de-le-corbusier

(8) Centre de ressources du développement durable (Cerdd)

https://www.cerdd.org/

(9) Association Française de Prévention des Catastrophes Naturelles et Technologiques (AFPCNT)

https://afpcnt.org/

(10) Descartes

Références

[a] Le Monde, Sur l’île de Rhodes, après les incendies, la colère, 4 août 2023

https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/08/04/a-rhodes-apres-les-incendies-le-tourisme-est-sauve-pas-la-nature_6184402_3244.html?random=2100525975

[b] Heidegger M., Essais et conférences, Paris, Gallimard, Coll.  »Tel », 2003 (1980, 1954), 349 p.

[c] Colluci A., Magoni M., Menoni S., Peri-urban areas and Food-Energy-Water nexus, Sustainability and resilience strategies in the age of climate change, Ed. Springer, 2017, 149 p., DOI 10.1007/978-3-319-41022-7

[d] Rapport annuel du Haut Conseil pour le Climat, Acter l’urgence, engager les moyens, juin 2023

[e] Le Monde, Pourquoi le bassin méditerranéen est devenu le hotspot de la crise climatique, 28 juillet 2023

https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/07/28/climat-pourquoi-le-bassin-mediterraneen-est-en-proie-a-la-fournaise-et-aux-incendies_6183716_3244.html

[f] La Croix hebdo, Maraîchers, viticulteurs, pêcheurs, le climat change et ça se voit, 27 août 2023

[g] Nières C., La reconstruction d’une ville au 18ème siècle, Rennes, 1720-1760, Université de Haute Bretagne, Librairie C. Klinsiek, Paris, 1972

[h] Thésée F., « Le développement de la ville de Fort-Royal au XVIIIème siècle », Éd. Conseil Régional de Martinique, col. « Connaissance du patrimoine », [entre 2003 et 2007]

[i] Gunderson & Holling, Understanding Transformations in Human and Natural Systems: Edited by Lance H. Gunderson and C.S. Holling. Island Press, 2002, 507 pages.

https://doi.org/10.1016/S0006-3207(03)00041-7

[j] France Stratégie Adaptation au changement climatique : retour d’expérience de trois territoires, juin 2023

[k] de Certeau M. L’invention au quotidien, 1-Arts de faire, Ed. Gallimard, Coll. Folio Essais, 1990, 345 p. ,

[l] Fleury C. La fin du courage, Ed. Fayard, 2010, 204 p.